Inchallah

Quand le vent devient notre ennemi… La sortie de la méditerrané s’annonce difficile, du moins pas avant que le vent se calme.

Après deux nuits passées au port d’Oran, on repart le 25 en fin d’après-midi, direction Saidia au Maroc. Nous partons, vent de face, au bout de quelques minutes, on est arrosé ; ça commence bien. Le hublot avant étant resté ouvert, la cabine a été mise hors d’usage ; mes vêtements, la literie et les affaires de Patrice sont trempés. A partir de vendredi 26 à 23h30 très précisément, le vent sévit. Nous nous reposions tranquillement, quand les voiles commencèrent à claquer, le bateau à tanguer. Johnny se lève d’un bond, monte sur le pont et nous reviens quelques minutes plus tard tout mouillé. La sortie sur le pont implique automatiquement la douche froide. Évènement qui se reproduira tout au long de la nuit. Nous avons eu des vents force 7 de face, autant dire qu’on a eu du mal à avancer. Mais enfin nous sommes arrivés à la marina de Saidia au Maroc, le voilier certes sans dégât matériel mais le sol jonché d’affaires mouillées.

Enfin de retour sur la terre ferme !! Avec 1,6 nœuds de moyenne sur les dernières 48heures de navigation, nous avions hâte d’arriver ! Pour fêter ça, le premier soir de notre arrivé, le 27 février, nous allons au restaurant profiter d’un bon tajine. Puis nous sortons aux bars, nous dansons, discutons… Quel accueil nous ont également fait les marocains !

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Rencontre à Saidia
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La chicha, le bonnet et Patrice
Nos amis marocains
Nos amis marocains

 

 

 

 

La belle Oran

Nous découvrons les côtes algériennes, dessinant la ville d’Oran le 23 au soir. On est réceptionné par les gardes côtes, ils nous indiquent un stationnement de fortune au port industriel.

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L’Amarante à Oran

L’Amarante de 10 mètres parait vraiment minuscule autour des gros cargos. D’ailleurs on se retrouve à côté d’un cargo remplit de bananes ! En sympathisant, nous arrivons même à en manger quelques-unes. L’entrée sur le sol algérien demande un visa, en tant que réfugiés météo, nous avons le droit d’amarrer au port mais pas d’en sortir sans laisser passer des autorités. Malheureusement, on n’a pas eu de laissé passer pour visiter Oran. Cependant, nous avons trouvé une astuce pour s’échapper… On est tombé sur une station essence : 20 centimes le litre !! Les algériens, tout sourire, nous font des signes, nous invites, viennent visiter le bateau, voir Loupy… Nous avons vu peu de la ville mais nous avons été accueillis chaleureusement.

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Soirée sur l’Amarante
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Dans le port d’Oran avec Johnny

Entre terre et mer; une vie en deux temps

Après Portoscuso, on est allé sur une petite île en face, Carloforte. Nos voisins de ponton, espagnols, nous ont suivis pour pouvoir partager avec nous un repas chaleureux et quelques accords de guitare. L’avantage des arrêts dans les ports, c’est bien les rencontres.

Repas avec les espagnols à Carloforte
Repas avec les espagnols à Carloforte

Les espagnols nous ont permis d’en savoir plus sur la pêche en mer… Et non il ne faut pas de canne à pêche… J’ai bien fait de l’oublier. En mer pendant la navigation, on pêche à la traine avec une sardine.

Vendredi 19 février au petit matin, nous partons d’Italie direction Oran en Algérie. Le temps à terre est résolu, il va falloir avancer. La navigation fut très agréable nous avons eu du beau temps en général et des vents favorables, jusqu’à l’approche des côtes où les vents de terres nous ont compliqué la trajectoire de navigation. Nous avons eu le vent de face, du coup on a été obligé de zigzaguer…

Trajectoire de l'Amarante (en rouge) près des côtes Algériennes.
Trajectoire de l’Amarante (en rouge) près des côtes Algériennes.

Durant ces 5 jours de navigation, la vie sur le voilier s’organise peu à peu…

Patrice s’improvise professeur de musique ; nous jouons de la guitare, chantons, tapotons au rythme des vagues.

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Johnny essaie du mieux qu’il peut de m’enseigner la navigation, pour une néophyte comme moi ce n’est chose facile… Tout de même, je m’améliore à la barre.

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Nous nous attelons, l’aiguille au doigt, aux réparations usuelles du voilier et le rafistolage de quelques vêtements. La couture devient, naturellement, une activité à part entière sur l’Amarante.

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Atelier couture

Mis en application des conseils de pêche des espagnols ; après deux jours de démêlage du fils, nous commencions la pêche. Malgré le pessimisme de Johnny, nous avons eu un thon dès le premier jour.

Notre butin, un beau thon !
Notre butin, un beau thon !

Des matelots en forme, c’est aussi de bon repas, d’où l’importance de la cuisine à bord. Le poisson n’a pas échappé au four accompagné d’une sauce au citron.

Heureusement que Raymonde (le pilote automatique) est là pour nous permettre de garder le cap et d’apprécier toutes ces activités. Néanmoins, il faut adapter le cap, et la voilure 24/24H.

On a passé 5 jours confiné sur un voilier de 10 mètres, maintenant vient le temps à terre, du repos et des rencontres en perspective.

L'équipe de l'Amarante sous un beau soleil
L’équipe de l’Amarante sous un beau soleil

Plus d’information : http://vivreetvoyagerenvoilier.blogspot.com/

Les vents en ont décidé autrement

Dimanche 14 février 2016, jour de la Saint Valentin, nous partons du port de Hyères direction la sortie de la méditerranée. En perspective, nous prévoyons quelques pauses normalement prévues sur les îles Baléares (Menorca, Maiorca ou Ibiza).

Un logiciel de prévision des vents, nous permet de savoir la force des vents avec précision. Ayant vu les grand vents prévus au large de l’Espagne, nous avons préféré changer de programme pour garder le cap plein Sud. Du coup, au lieu de nous arrêter sur les îles espagnoles, nous nous retrouvons au port de Portoscuso dans le Sud de la Sardaigne en Italie… C’est aussi ça la navigation, on se laisse porter par le vent.

Départ de Hyères sur le logiciel OpenCPL
Départ de Hyères sur le logiciel OpenCPL

Nous avons commencé ce qu’on appelle les tours de garde durant les nuits. Moi, je surveille entre 2h30 et 4h30 du matin, le reste de l’équipage dort paisiblement. Grâce au pilote automatique, qu’on appellera Raymonde, l’Amarante tient le cap à merveille. Surveiller c’est-à-dire regarder la trajectoire du bateau en fonction des vents, des courants, et bien sûr la surveillance du trafic marin de vue et sur le radar juste pour s’assurer de ne pas tomber nez à nez avec un cargo. Je vous rassure sur 52 heures de navigation, nous avons croisé 3 cargos, ce qui est peu pour avoir parcouru 280 miles, c’est-à-dire 518 kilomètres (multiplié les miles par 1,85 pour trouver le nombre de Km). En moyenne, nous avons fait du 6 nœuds soit environ 10Km/h. Le début de navigation nous étions à vent portant, c’est-à-dire le vent qui nous poussait, puis pour les dernières 20 miles contrairement aux prévisions nous avons eu le vent complétement de face. Du coup la moyenne est très variable.

L’Amarante s’est bien défendue, elle a surfé sur les vagues, elle s’est battue.

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Trajectoire approximative

Autant dire que la navigation ce n’est pas de tout repos… Mais tout n’est pas que frisons et vertiges. Une fois que mon organisme fut adapté au mouvement perpétuel de la mer, j’ai pu commencer à lire, cuisiner, discuter sans avoir la désagréable sensation d’être sur une montagne russe. Sur le bateau, le vent et surtout les vagues décident plus que toi. Si ça bouge trop, tu fais ce que tu peux et non ce que tu veux. Bien entendu, souvent tu arrives à faire ce que tu veux mais attention au rythme de la mer. En général, tout prend plus de temps… Faire des pâtes, manger, la digestion, se brosser les dents… En mer tu développes une sorte de 6ème sens, tu prévois le mouvement du bateau, à travers l’ouïe notamment et la direction du vent. Si tu es attentif, tu entends une grosse vague arrivée et comme tu connais le sens du vent, tu peux prévoir comment la bateau va bouger. Finalement ça ressemble un peu à l’escalade, il faut prévoir ses prises pour garder l’équilibre et éviter de tomber. Du coup, des muscles qu’on pensait alors inexistants nous semblent indispensables.

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Le sixième sens de Loupy, aboyant après les vagues elle les atténue.

Quand le beau temps revient, lundi après-midi, nous entendons un bruit assourdissant. Un avion nous est passé sous le nez à très grande vitesse !! On est sorti rapidement afin d’apercevoir de plus près, l’avion privé ou un avion de marine nous a frôlé. A quatre reprises, il nous a survolé à très basse altitude. On a eu des sensations fantastiques, tout en surfant sur les vagues.

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L’avion visible de l’Amarante

Avant de mettre pied à terre, nous avons profité du soleil sur le pont et du paysage de la Sardaigne qui se dessinait à l’horizon. Le soir même juste à la tombée de la nuit mardi 16 février, nous amarrions au port de Portoscuso. Une fois à l’arrêt, les réflexes de terrien nous reviennent. Nous avions enfin retrouvé nos deux mains pour manger. Nous avons pu fêter ça en partageant une bière et un bon repas.

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Vue de la Sardaigne avec le drapeau

Deux jours dans une vie ça passent vite mais entre vents et marées, l’intensité est décuplée. De nuit comme de jour, la mer est à chaque fois différente, notre façon de la contempler aussi. Les vents en ont décidé autrement… dans la vie tout ne se passe pas toujours comme on l’avait prévu et pourtant on finit par aimer notre destination. Après tout la Sardaigne, je ne connais pas non plus et il se trouve que c’est une agréable surprise.

Elina & Johnny for pictures

blog de Johnny : Vivreetvoyagersurunvoilier

 

 

 

Première expérience en mer

Nous sommes partis le 10 février 2016 du port de Beaulieu sur mer à côté de Nice. Aux alentours de 9h du matin nous sommes sortis du port pour nous diriger vers le port d’Hyères.

Trajectoire de Beaulieu sur mer à Hyères
Trajectoire de Beaulieu sur mer à Hyères

Nous sommes partis avec deux voiliers, celui de Patrice et de Johnny, l’Amarante et le bateau de Georges, le Jeanneau Melody, le Cucador de son nom commun. Georges est un jeune navigateur qui est donc parti avec l’expert Johnny à son bord. Nous tous apprentis, nous avons dû remorquer le Cucador après la perte de son hélice.

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Les deux voiliers en course

Nous étions face aux vents, ce qui ne facilité pas le remorquage, d’autant plus que le vent était assez fort. Autant dire que ma première expérience fût assez douloureuse. Heureusement mes équipiers étaient là autant pour assurer la navigation mais aussi mon mal de mer.

Nous avons donc navigué 10h le même jour bravant les vents (assez fort, force 5) et nous nous sommes arrêtés pour dormir en mouillage près des côtés.

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Patrice naviguant l’Amarante.

Le lendemain le 11 février, nous repartons direction Hyères, la mer étant beaucoup plus calme. J’ai pu apprendre certaines bases de la navigation et un peu de portugais avec l’aide de Joaquim.

A 1h du matin, donc le samedi 13 février, nous arrivions au port d’Hyères sains et sauves avec les deux voiliers. Ces deux jours nous ont fait monter la fièvre du grand large.

Nous partons demain, direction … (ça dépendra des vents).

Pour en savoir plus vous pouvez suivre le blog de mon équipier Johnny  : http://vivreetvoyagerenvoilier.blogspot.fr/

L’Amarante et son équipage

Le 9 février 2016, je suis arrivée à 18h à Nice, où Johnny est venu me chercher sur son scooter. J’ai eu le droit à une visite sous la pluie de Nice accompagnée de mes affaires optimisées dans 2 sacs. Heureusement que je n’ai pas un gros paquetage, sinon nous en aurions perdu en route.

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L’Amarante vue d’en haut du mât

Arrivé sur le voilier, le first 345, l’Amarante de son nom commun, je me suis installé dans la cabine au bout du voilier, une sorte de petite cabane en bois qui épouse parfaitement la forme du bateau. Il est vrai qu’il est impossible de se mettre de debout mais avec vu sur les étoiles, autant dire que pour moi c’était le grand luxe. J’ai appris par l’expérience plus tard que c’était aussi la cabine qui vagué le plus lors de la navigation. Un bien grand mal pour mes premiers jours de navigation.

Le soir même Patrice et son ami Joaquim nous on rejoint. L’équipe était au complet.

Johnny et Patrice sont les deux heureux propriétaires du voilier, ils ont pour objectifs de faire le tour du monde !

Johnny vie le voilier à Nice. Il a déjà traversé l’Atlantique plusieurs fois, seul ou en équipe. Patrice ch’ti et ardéchois d’adoption a eu lui aussi la fièvre de la navigation il y a maintenant quelques années. Deux personnes qui ne se seraient jamais rencontrés sans l’Amarante. En effet, c’est en voulant acheter le voilier que Johnny à contacter Patrice alors l’unique propriétaire. S’entendant à merveille les deux hommes décidèrent de faire équipe en devenant copropriétaires.

Joaquim, monte avec nous à bord aussi, l’ami de Patrice, va nous accompagner jusqu’au sud de l’Espagne, portugais d’origine, il recherche un nouveau souffle sur la mer pour l’écriture de son livre.

Le voilier faisant 12 mètres autant dire que nous vivons en promiscuité. Cela ne nous empêche en rien de passer d’agréables moments de vie, agrémentés d’anecdotes, d’histoire de vie, d’échange tout simplement.

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Petit déjeuner au port de Hyères

Voilà notre belle équipe, tous différents, tous là pour des raisons personnelles, tous là pour partager des moments forts. Bousculé parfois et bercé d’autre fois par la mer, nous voilà partis pour de belles aventures.

Merci à tous, chacun, personne et aucun.

Le temps passe est ne se rattrape pas. Parfois on fait des choix mais on ne les fait jamais véritablement seul.

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Je n’ai fait de calcul, pas pris de données de temps, je n’ai pu faire de statistique quantitative ou qualitative de ce que vous m’avez apporté.

Je ne saurais vous dire lesquelles de vos paroles m’ont apporté le plus.Lesquels de vos regards, de vos sourires, de vos accolades m’auront mis en route.

Ce qui est certain, c’est que le somme de tous ces attentions a multiplié mes chances au jeu de l’avenir. Chacune des personnes avec qui j’ai eu la chance d’échanger, m’a permis d’affiner mes perceptions de l’avenir. Comme chacun est responsable je ne dirais merci et au revoir à personne en particulier, car aucun de vous n’est entièrement responsable de mon départ.

J’ai pris le temps de vous écoutez, de m’écouter et enfin je pars.

Au revoir à tous, chacun, personne et aucun.

Je prends le large

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Me voilà à quelques jours de mon départ pour le nouveau monde… Mais bien entendu comme j’aime l’aventure, et que le chemin est plus important que l’objectif, j’ai choisi le voilier…

Une belle prouesse technique le bateau, tout y est pensé; la forme de la coque et des voiles, les matériaux, le poids …

Loin d’être du temps perdu, le voilier crée la promiscuité avec les éléments naturels et surtout entre les Hommes. Je dis souvent que le bonheur se trouve dans la simplicité, ben voilà, ici nous avons le minimum (et il vaut mieux ne pas trop en avoir pour avancer). L’apprentissage de la rigueur de la haute mer. Le plaisir du temps qui passe sans que rien ne puisse nous arracher à ce moment. L’échange de savoirs, de joies, de peurs…La simple exaltation de se sentir vivant.

De nombreuses fois j’ai entendu que c’était risqué, beaucoup de personnes qui me sont chères ont tenté de me décourager.

Qui peut décider mieux que moi ce dont j’ai besoin ?

Combien de personnes ont la vanité de conseillé et la cruauté de décourager. Ne sommes-nous pas là, pour nous regarder avec tolérance et respect. L’amour n’est-il pas l’unique chose qui vaille la peine de transmettre ?